Depuis quelques années, l'intelligence artificielle a colonisé nos imaginaires collectifs comme nos pratiques. A l'instar d'autres domaines, les sciences (sociales) ont elles aussi été invitées à se positionner par rapport à ces technologies. Si les débats sont partiellement différents de ceux qui ont animé la sphère médiatique, les controverses ne sont pas moins intenses. Les résultats spectaculaires obtenus dans des domaines aussi éloignés que la traduction automatique, la conduite sans passager ou la détection faciale ont contribué à créer un mythe de l'IA, que certains résultats scientifiques ont accentué. Mais dans le même temps,
l'intelligence artificielle interroge. Quel type de connaissance est un savoir prédictif s'il ne parvient pas (ne cherche parfois pas) à expliquer? Un modèle parlant mais à la qualité incertaine est-il meilleur qu'un modèle attesté mais à faible pouvoir explicatif? Peut-on utiliser une technologie dont on ne peut qu'imparfaitement décrire le fonctionnement? La présentation reviendra sur ces enjeux, et montrera qu'au-delà de ces oppositions et des camps qu'elles dessinent, le choix n'est pas entre l'un et l'autre modèle, mais que l'irruption de l'intelligence artificielle modifie les savoirs et les formes du savoir. Jusqu'à, peut-être, certaines manières ordinaires de penser le monde social.